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Un changement, c'est souvent ce qui résume nos décisions de voyager, partir à la découverte de nouvelles cultures, d'autres civilisations, découvrir d'autres peuples et leurs façons de vivre
Une nouvelle forme de Tourisme alternatif est désormais possible  afin de mieux élargir nos expériences intellectuelles et humaines et d'apporter nos humbles contributions pour une humanité meilleure et de participer en tant que « Citoyen du monde »
Nous vous invitons à lire quelques  articles que nous avons sélectionnés en dénonçant l'échec du Tourisme de Masse en tant qu'un levier de développement socio-économique d'un pays et que d'autres alternatives sont possibles :

reflexions

 

* Dérivés classiques du Tourisme de Masse
* Voyage équitable et solidaire à Madagascar
* L'économie alternative
* Les échanges marchands au sein des relations de FIhavanana
* Edition du 08/09/2002 du Ma-Tv( Chaine TV locale à Madagascar)

Impact social
De la présence des touristes, un échange et une compréhension accrue entre les peuples auraient pu être attendus. Or on constate qu'on assiste surtout à une dénaturation de la culture locale. L'industrie touristique a d'autant plus d'effet sur la culture locale qu'elle est la seule à mettre directement en contact le consommateur et le lieu de production.

  • Le choc des cultures :
    La confrontation de deux populations aux pouvoirs d'achat démesurément différents induit un rapport de force dominant/dominé, même si ceci n'est pas recherché par le touriste souvent victime de sa naïveté et sa désinformation.

    Les stations balnéaires destinées aux touristes forment de luxueuses enclaves au sein de zones pauvres, le luxe côtoie la misère. Les autochtones développent alors souvent des complexes d'infériorité et des comportements d'imitation qui les poussent à désirer tout ce que possède les occidentaux, tout en exprimant paradoxalement une rancœur plus ou moins claire vis à vis des touristes.

    Dans leur quête d'exotisme et d'horizons différents, les touristes sont parfois à l'origine de dégradations irréversibles sur les populations d'accueil. Ils arrivent souvent mal renseignés, des idéaux pleins la tête, à la recherche de folklore local... Devant cette demande s'organisent des visites à teneur folklorique. La population met en scène diverses cérémonies qui deviennent un véritable spectacle offert aux touristes. Mais ces cérémonies sont appauvries, perdent leur finalité et donc leur authenticité. La culture locale se transforme en caricature, c'est ce que les ethnologues appellent la " folklorisation " des populations. On peut y voir une forme de voyeurisme de la part des touristes occidentaux.
  • Les déplacements forcés de populations :
    Les cas sont innombrables où des populations locales ont été déplacées définitivement de leurs terres pour bâtir des projets touristiques bien plus rentables pour des motifs économiques ou politiques. On peut citer les dégâts faits par certaines chaînes hôtelières qui n'ont pas hésité à installer des complexes touristiques sur des sites remarquables, tout en expulsant la population qui y vivait depuis des générations et qui a été obligée d'abandonner ses métiers traditionnels, d'émigrer vers les grandes villes voisines, et qui a vu sa structure familiale se déstructurer.
  • Le tourisme sexuel et la prostitution enfantine :
    Certains pays aujourd'hui très touchés par le tourisme sexuel ont favorisé le tourisme dans l'espoir de remédier le plus possible à leurs problèmes économiques. Ils utilisent ouvertement ou implicitement la prostitution comme argument publicitaire. Ainsi certains touristes sexuels avouent s'autoriser ce qu'ils n'imagineraient pas faire dans leur propre pays. Pour les pays d'accueil, les conséquences sociales sont catastrophiques du fait des problèmes de réinsertion des prostituées, dénigrées par la population et en proie à la multiplication des MST et du SIDA.

Impact environnemental

Le tourisme est souvent accusé de défigurer les côtes, de polluer les sites purs. La détérioration de l'environnement et des paysages par le tourisme est réelle, les exemples innombrables.

  • Les stratégies des entreprises de tourisme:
    La grande contradiction du tourisme actuel est que le marketing touristique se fonde souvent sur la virginité et la pureté des territoires, alors que cette industrie ne prend pas les dispositions suffisantes afin que ces sites le demeurent… Elle leurs impose des installations et des méthodes qui ne correspondent ni aux coutumes, ni aux besoins des habitants, et qui épuisent leurs maigres ressources, sans se soucier si ces équipements seront utiles ou conformes aux besoins à venir de ces populations.
  • Des milieux naturels endommagés :
    L'érosion du littoral est devenue critique dans de nombreux pays. En effet, le bétonnage des plages est un phénomène dramatique pour certaines régions côtières. Selon le PNUE (Programme des Nations Unies pour l'Environnement), les trois quart des dunes de sable de la côte méditerranéenne ont disparu en raison de l'urbanisation touristique.
  • L'eau :
    L'eau est l'exemple le plus frappant de l'exploitation excessive des ressources naturelles en zone touristique. C'est l'eau des golfs, des piscines, des jardins des hôtels, des douches prises à toute heure, qui contribue à aggraver le manque d'eau dans certains pays du Sud. On considère qu'on utilise en moyenne pour un touriste près de 7 à 10 fois plus d'eau qu'un paysan pour cultiver son champ et nourrir sa famille. Selon l'ONG Tourism Concern, un parcours de golf créé dans un pays tropical utilise autant d'eau que 60 000 habitants d'une zone rurale. Cette utilisation a pour conséquence le rationnement des populations vivant à proximités des infrastructures touristiques.
  • La pression démographique :
    Le tourisme impose en outre, une pression démographique et des coûts d'entretien élevés à des régions qui ne peuvent les supporter. Des sites de haute valeur culturelle visités par trop de touristes, plus ou moins respectueux, font peser une lourde menace sur leur conservation. Ce problème de capacité de charge des sites touristiques entraîne une multiplication de comportements individuels destructeurs : des zones archéologiques sont aujourd'hui massivement piétinées et leurs fresques exposées aux dégradations et aux graffitis. Pour préserver ces lieux, les gouvernements locaux devraient engloutir des sommes excessives pour des pays où les priorités sont toutes autres.

Impact économique

  • Les stratégies des entreprises de tourisme :

Dans le but de réaliser des économies, les compagnies touristiques mettent en place de nouvelles stratégies en matière d'hôtellerie qui consistent à louer et non à acheter des hôtels dans les pays en voie de développement. Ainsi par divers contrats de location, d'allotement, elles gèrent les structures sans les posséder, donc elles supportent moins de risques. Et de ce fait, les propriétaires locaux des hôtels sont dépendants, pour leur remplissage, du bon vouloir des tours-opérateurs qui menacent de modifier leurs destinations pour obtenir des tarifs intéressants.
L'ensemble des difficultés rencontrées dans les pays en voie de développement conduit les entreprises locales à rechercher systématiquement à réduire leurs coûts tout en compensant la baisse de la recette unitaire par un accroissement de la fréquentation. Cette politique conduit à développer un tourisme de masse orienté vers des produits bon marché et souvent de faible qualité. Il en résulte une forte détérioration de l'image touristique de l'ensemble de la destination. Les prestataires locaux qui poursuivent une politique de qualité subissent cette détérioration d'image d'ensemble.

  • Les devises :
    Dans les voyages proposés dans les pays du Sud, la plus grande part du prix revient à la compagnie d'aviation et à l'hôtelier. Or, les compagnies aériennes et les chaînes d'hôtel sont contrôlées par les entreprises occidentales, de plus en plus puissantes, suite à de nombreux regroupements. Les pays du Sud ne sont en fait que la matière première pour l'industrie touristique et ce sont les organisateurs de voyages du Nord qui apportent la plus value et engrangent les bénéfices. Il n'y a donc que très peu de retombées financières pour les pays d'accueil. Une étude réalisée en Thaïlande montre que seuls 30% des flux financiers du tourisme profitent réellement au pays.

    Certains de ces pays en ont pris conscience, comme par exemple la Gambie dont la décision a été de refuser l'accueil d'un tourisme à forfait, le plus sécurisant pour les voyageurs car ils paient tout à l'avance, sans se soucier de la distribution de cet argent aux divers prestataires. Les clients doivent désormais aller eux-mêmes à la recherche de leur nourriture, avec l'espoir, pour les petits restaurateurs, de voir revenir ce qui partait jusque là dans les mains des hôteliers internationaux. Cela ne semble pas être du goût de la clientèle et des voyagistes : le nombre de touristes a chuté depuis dans ce pays.
  • Le dérèglement de l'économie locale :
    Une expression cubaine dit : " le touriste est " un dollar caminante " (un dollar ambulant) dont il faut profiter ". Dans la zone Caraïbe et au Mexique, on parle même d'une véritable dollarisation de l'économie. Cette situation est alarmante du fait qu'elle établit de nouvelles ségrégations entre locaux et touristes.

    L'écart entre le pouvoir d'achat des touristes et le niveau de vie local déstructure souvent l'économie. Les revenus offerts par le tourisme sont parfois plus élevés que dans le reste de l'économie locale. A Cuba, quelques dollars en pourboire peuvent dépasser le montant d'un salaire mensuel. L'argent semble plus facile à gagner grâce au tourisme et il attire de ce fait la main d'œuvre locale, au détriment souvent des autres activités, du savoir-faire traditionnel, et donc d'un vrai processus de développement: à Cuba par exemple, des médecins et enseignants quittent leur activité pour devenir taxis-pirates rémunérés en dollars par les touristes canadiens, allemands ou espagnols.

    En outre, il y a corrélation entre flux touristiques et inflation. La masse des touristes provoque généralement un accroissement des prix qui engendre des frustrations importantes chez les populations locales qui ne peuvent plus consommer leurs propres produits mais voient des étrangers venir les consommer sous leurs yeux.

    Enfin, l'arrivée massive de touristes a tendance à dénaturer la production artisanale. Par exemple dans les Andes, les sandales en cuir fabriquées à la main par des femmes comportent de moins en moins de travail de décoration pour pouvoir accélérer la conception et satisfaire ainsi la demande accrue des touristes. Cette vulgarisation de fabrication, qui semble contenter les touristes, entraîne à terme une simplification culturelle définitive.

    Cette liste des divers impacts provoqués par le tourisme n'est pas exhaustive. Il aurait fallu évoquer également les problèmes dus aux maladies véhiculées par les touristes, le paludisme en particulier …Mais cela permet quand même de situer le problème et de se sortir de l'idée trop souvent admise dans la société que le tourisme est forcément facteur de développement pour les pays d'accueil.
    Pour éviter les méfaits parfois irréversibles d'un tourisme déséquilibré, il faudrait d'urgence changer les règles du jeu, notamment celles imposées par les pays du Nord à ceux du Sud. Mais pour ce faire, une prise de conscience du touriste lui-même paraît, auparavant, tout à fait indispensable, car ce sont ses exigences qui conditionnent le marché.

Le tourisme équitable
L'expression de " tourisme équitable " se réfère au commerce du même nom. Né récemment de la volonté d'adopter des règles " équitables ", par opposition au fonctionnement actuel du marché mondial, le commerce équitable prend en compte une juste rémunération des producteurs, exige que la traçabilité des produits soit totalement garantie, et impose un certain nombre de pratiques, comme le paiement comptant des produits afin que les producteurs puissent faire face à leurs propres échéances et investissements. Il suppose donc une organisation cohérente et une maîtrise de toute la chaîne de production.
De la même manière, une démarche de tourisme " équitable " devrait remplir un certain nombre de conditions :

  • La responsabilisation de voyageurs conscients que, par leurs actes et attitudes, ils peuvent autant favoriser le bien-être des populations d'accueil que le perturber ;
  • La participation effective des communautés d'accueil à la définition et (au moins en partie) à la gestion des activités touristiques, les bénéfices en étant perçus localement;
  • L'engagement de tous les acteurs et opérateurs dans une volonté de partenariat à long terme

Le tourisme solidaire
Il introduit une relation de solidarité entre le touriste et les populations d'accueil. Sa finalité est d'amener le touriste à une forme de solidarité concrète avec les populations visitées. Il peut prendre plusieurs aspects comme, par exemple, le soutien actif et/ou financier à un projet de développement ou la participation à un fonds d'entraide, et s'inscrit dans la durée, garante de l'accomplissement et de la pérennité des actions de solidarité.
Ce type de tourisme sous-entend en général une dimension d'éducation à l'inter culturalité et aux inégalités Nord/Sud importante.

Réseau pour l'après développement
Ce mouvement est né d'une réflexion critique sur l'échec des politiques de développement. Ce courant regroupe des chercheurs et des acteurs sociaux du Nord comme du Sud porteurs d'analyses et d'expériences novatrices sur le plan économique, social et culturel.
Le réseau met au centre de son analyse la remise en cause radicale de la notion de développement et déconstruit la pensée économique. Les notions de croissance, de pauvreté, de besoins, d'aide, etc. sont ainsi remises en question. Les adhérents à ce réseau pensent que ces analyses peuvent contribuer à un renouveau de la pensée et à la construction d'une véritable société alternative à la société de marché.

  • Casser l'imaginaire développementiste et décoloniser les esprits
    • Face à la mondialisation, qui n'est que le triomphe du tout marché, il nous faut concevoir et promouvoir une société dans laquelle les valeurs économiques cessent d'être centrales (ou uniques). L'économie doit être remise à sa place comme simple moyen de la vie humaine et non comme fin ultime. Il nous faut renoncer à cette course folle vers une consommation toujours accrue. Il faut commencer par voir les choses autrement pour qu'elles puissent devenir autres, pour que l'on puisse concevoir des solutions vraiment originales et novatrices. Il s'agit là d'une " décolonisation " de notre imaginaire.
  • Mirages et ruines du développement
    • Le développement n'a été que la poursuite de la colonisation par d'autres moyens et la " nouvelle " mondialisation, à son tour, n'est que la poursuite du développement avec d'autres moyens. On peut définir le développement réellement existant comme une entreprise visant à transformer les rapports, des hommes entre eux et avec la nature, en marchandises. C'est une entreprise agressive envers la nature comme envers les peuples, le développement engendre la plupart des problèmes sociaux et environnementaux actuels : exclusion, surpopulation, pauvreté, pollutions diverses, etc.
    • Les valeurs sur lesquelles repose le développement (le progrès économique et technologique, l'universalisme, la maîtrise de la nature…) ne correspondent pas du tout à des aspirations universelles profondes. Elles sont liées à l'histoire de l'Occident et recueillent peu d'écho dans les autres sociétés. Aujourd'hui, ces valeurs occidentales sont précisément celles qu'il faut remettre en cause pour trouver une solution aux problèmes du monde contemporain et éviter les catastrophes vers lesquelles l'économie mondiale nous entraîne.
  • Au-delà du développement
    • Parler d'après-développement c'est parler de la situation de ceux qui actuellement au Nord et au Sud sont des exclus ou en passe de le devenir, de tous ceux pour qui le développement est une injure et une injustice, et ils sont nombreux.
    • Réfléchir sur l'après-développement, c'est réfléchir sur la recherche de modes d'épanouissement dans lesquels ne serait pas privilégié un bien-être matériel destructeur de l'environnement et du lien social.
    • Pour les exclus, pour les " naufragés du développement ", il s'agit d'une sorte de synthèse entre la tradition perdue et la modernité inaccessible. Il faut à la fois penser et agir globalement et localement. Et si nous abandonnions l'objectif insensé de la croissance pour la croissance, cet objectif dont le moteur n'est autre que la recherche effrénée du profit par les détenteurs du capital car nous aspirons à une amélioration de la qualité de vie et non à une croissance illimitée du P.I.B.
  • Agir localement
    • L'après-développement et la construction d'une société alternative ne se déclinent pas nécessairement de la même façon au Nord et au Sud. Pour le Nord, il s'agit par exemple de la diminution de la pression excessive du mode de fonctionnement occidental sur la biosphère qui est une exigence de bon sens en même temps qu'une condition de la justice sociale et écologique.
    • Pour les pays du Sud, la réappropriation de leur identité est un préalable pour apporter à leurs problèmes des solutions appropriées. Il peut être par exemple judicieux de réduire la production de certaines cultures destinées à l'exportation (café, cacao, coton…) comme il peut s'avérer nécessaire d'accroître celle des cultures vivrières. Il appartient aux habitants de chaque pays de préciser quel sens peut prendre pour eux la construction de l'après-développement.
  • Penser globalement
    • Le réseau pour l'après-développement réunit de nombreuses innovations alternatives et s'efforce de viser en théorie comme en pratique une cohérence globale de l'ensemble de ses initiatives. Comme dans l'informel africain, nourrir le réseau des " reliés " est la base de la réussit

De quoi s'agit-il ?

  • Toutes sortes de productions tout à fait artisanales ou de services vendues à des amies qui en parlent à leurs amies.
    Par exemple, une femme qui a des compétences en coiffure peut ainsi devenir coiffeuse à domicile en se contentant du " bouche à oreille ". Ses amies se rendront chez elle plutôt que chez une autre coiffeuse parce que c'est une occasion de papoter, d'aider une amie à faire marcher son commerce, mais aussi parce que ce n'est pas trop cher et que c'est tout de même d'assez bonne qualité. Et puis, souvent cette coiffeuse fait marcher le commerce de celles qui viennent au sien.
  • Les économistes ou les agents de développement classent ces pratiques économiques parallèles, basées sur les relations d'interconnaissance, parmi l'informel. Ce terme est tout à fait ethnocentrique car à Madagascar, comme dans de nombreux pays africains, ces échanges économiques font parties intégrantes de la vie quotidienne et bien souvent les malgaches ne les perçoivent pas comme illégitimes ou hors la loi, au contraire.
  • Ces pratiques ont une double fonction sociale pour les citadins malgaches : d'une part, se procurer des biens ou des services à moindre coût ou gagner un peu d'argent et d'autre part créer ou renforcer les liens de fihavanana entre acheteur et vendeur. Ainsi, ces échanges économiques remplissent le véritable rôle de l'économie : la création de lien social autour de la production et de l'échange.
  • Ainsi, AINA considère que ces pratiques spontanées de la société civile des villes malgaches sont de véritables alternatives aux logiques développementistes et capitalistes.
  • Nous considérons donc que ces initiatives doivent être soutenues dans le respect de leurs objectifs et de leurs fonctionnements. En effet, beaucoup d'ONG voient aujourd'hui dans l'informel, une première étape vers le développement à l'occidentale et essaient de le soutenir dans ce sens. Pour nous, ces pratiques doivent être encouragées pour ce qu'elles sont et non pour ce qu'elles devraient être car elles sont en accord avec l' " esprit malgache ".
Economie alternative et solidaire

L'Economie Alternative et Solidaire relie, sur toute la France, des initiatives locales ou en filières qui cherchent à répondre aux attentes de plus en plus fortes de travailler autrement, consommer autrement, utiliser autrement son temps et son argent, gérer autrement l'espace, les territoires, organiser autrement la vie sociale. Elle cherche à promouvoir la prise en main par chacun de sa propre vie et à palier par la rencontre, l'échange, la confrontation et la remise en question d'idées reçues à une fuite en avant individualiste qui caractérise trop souvent le fonctionnement économique de nos sociétés.
Nos sociétés et l'ensemble des systèmes qui les fondent (administratifs, économiques, politiques) souffrent d'un excès de technicité et de rationalité hérités d'une course effrénée pour le progrès et la performance. Mais aujourd'hui, il est démontré que le progrès économique s'est désolidarisé du progrès social au point que la croissance économique soit liée à la suppression d'emploi et que la production de richesses se fasse de plus en plus au profit de grandes multinationales qui maîtrisent la majorité des marchés.
Le(s) projet(s) politique(s) qui n'affichent comme priorité que le maintien de la croissance rencontrent donc de moins en moins d'adhésion dans la société civile et génèrent une demande sociale de plus en plus forte en termes de qualité de vie, d'échange, de relation. Le projet de l'Economie Alternative et Solidaire consiste à replacer l'économie au service de l'Homme en luttant contre toutes les formes d'aliénations par l'argent et en cherchant à inventer des alternatives sociales et économiques. L'émergence de ces démarches " alternatives " fait appel à une forte créativité, tant dans les idées que dans leur mise en œuvre.
La mise en commun de ces ressources au sein de collectifs divers, renforce la solidarité et enrichit la connaissance des mécanismes économiques en vigueur. Cette réappropriation de l'économie permet à tout un chacun de se repositionner comme acteur de sa vie, responsable de ses choix économiques, et de s'armer contre des stratégies qui permettent à certains acteurs économiques en puissance d'imposer leur vision, d'asservir le consommateur par des démarches marketing, d'exploiter des situations de mainmises par des stratégies de holding, etc.
(Texte de l'APEAS)

Plus d'un observateur ou d'un visiteur s'étonnent de la pauvreté ambiante et latente et se demandent comment la majorité de la population malgache réussit encore à survivre, car il s'agit carrément de survie.
En fait lorsqu'on y regarde de près, on se rend compte que presque toutes ces petites gens se livrent soit partiellement ou complètement à des activités parallèles qui leur assurent le quotidien avec plus ou moins de bonheur. En effet, elles vivent véritablement au jour le jour et le repas du jour est à chercher le jour pour un lendemain qui sera un autre jour. Depuis quelques décennies, malgré le recrutement au niveau de la fonction publique pour tous les secteurs d'activité - y compris la santé et l'enseignement qui sont pourtant considérés comme les corollaires impératifs de développement - beaucoup de diplômés sont venus grossir non pas les rangs des chômeurs, mais ceux du secteur informel: épiceries, petites affaires à la petite semaine, chauffeurs de taxi.